Contre les maux et les discours du temps, petit florilège de réponses 2/3
Dans l’article Paris et Lyon : deux CNSMD face à la quarantaine paru ce mercredi 15 avril 2020 sur le site de France Musique, la journaliste Suzanne Gervais nous plonge dans le merveilleux univers de la continuité pédagogique des deux grandes maisons de l’enseignement musical. La colère est difficile à contenir face à la vanité d’un discours lisse et consensuel dans cette situation de tensions. Tout y est fait pour arrondir les angles.
La crise sanitaire du coronavirus, comme tout temps de tension sociale, met les mécanismes de pouvoir à nu. Si, au niveau national, il est évident que politiques et médias mentent sur l’étendue de la crise en Chine et la réalité du nombre de morts en France (entre les Ehpad et les non testés), France Musique reproduit ce schéma à l’échelle du petit milieu des conservatoires supérieurs. Tout comme la couverture médiatique officielle ne parle pas de la réalité dans sa profondeur et se fait le porte-voix des injonctions à la reprise économique, France Musique s’extasie sur la formidable continuité pédagogique qui s’opère dans ces institutions et ne parle pas réellement des étudiants, pourtant principaux intéressés.
Mais de continuité il n’y a point. Le monde est au début d’une crise politique d’envergure (car oui, la gestion d’une pandémie est quelque chose de politique), et si les médias pouvaient aujourd’hui servir à quelque chose, ce serait à faire le récit de ce qui se joue réellement dans ce temps de crise, comprendre celle-ci de manière sensible comme la mise à nu des rapports de pouvoirs, de classe et de domination.
Qu’est-ce donc qui est en jeu dans une institution comme les CNSMD ? « Faire cours vaille que vaille » afin de ne pas « transiger sur l’exigence ». Ouf ! L’honneur est sauf. L’état personnel de chacun un peu moins.
Comme dernière remarque, on pourra souligner l’absence totale de réflexion sur les outils numériques. Que France Musique et l’administration se réjouissent de fournir des données à des multinationales du numérique est une chose, que les élèves se voient obligés de mettre leur intimité en pâture aux géants de l’Internet relève bien du rapport de domination.
Bref, camarades journalistes, tâchez de contribuer à éclairer les problématiques du présent non pas comme ce qui vous est donné, mais comme un agencement complexe de situations et de rapports de force, si vous ne voulez pas être les promoteurs du désastre en cours.