Loin du Local, loin du cœur du problème ?

Lors du précédent numéro de la Crécelle, nous avons pu parler d’alcool, et en particulier de son rôle social de « soupape de décompression ». Mais pour ce dernier paramètre, l’être humain a trouvé beaucoup d’autres méthodes pour vaincre l’anxiété liée à la scène, méthodes qui sont aussi préconisées pour lutter contre la solitude du confinement : sophrologie, méditation, cohérence cardiaque, PNL… (Hier j’étais dans moche dans la tess. Maintenant je plais à Eva Mendes…) Parenthèse notable : de nombreuses personnes en cette période de confinement ont pu confondre les symptômes d’une crise d’angoisse (difficultés respiratoires, bouffées de chaleur…) avec les symptômes du Covid-19 !

Et quand les méthodes dites « douces » ne suffisent pas et que l’anxiété devient incontrôlable, les médecins peuvent vite prescrire différents types d’anxiolytiques (type Lexomil, Xanax…). Bouclons la boucle en ajoutant que les effets des anxiolytiques et des bêta-bloquants (utilisés pour la scène) sont macrologiquement les mêmes : relaxation (et possible somnolence selon la dose), diminution de la pression artérielle et des manifestations physiques de l’anxiété à court terme. Mais les anxiolytiques sont pris généralement à dose plus élevée que les bêta-bloquants (difficile de jouer Tchaikovsky après un valium…) et génèrent plus facilement des effets secondaires : dépendance, paradoxale augmentation de l’anxiété, amnésie antérograde… Vous le voyez, le traditionnel couplet « tant que c’est exceptionnel ça va » ?

Mais les excès existent. Et personne n’est protégé contre eux.

Et donc au lieu de vous proposer un axe de développement personnel qui vous permettra de mieux vivre dans votre environnement, pourquoi ne pas s’attaquer à l’environnement en lui-même ?

Pourquoi la solitude ou la scène sont des milieux si anxiogènes qu’ils nécessitent parfois une prise d’agents chimiques bloquant nos défenses naturelles ?

Et pourquoi lutter contre le stress sans en voir les côtés positifs ? Sans compter que de récentes études tendent à faire penser que le stress est mauvais pour la santé uniquement pour ceux qui pensent qu’il est néfaste…(1)

Petit topo sur ce stress. Il est principalement provoqué par l’envie de contrôle, la menace de l’égo et la peur de l’imprévu ou de la nouveauté. Il génère diverses hormones : de l’adrénaline pour un surplus d’énergie, du cortisol anti-inflammatoire et stimulant la mémoire, de la vasopressine antidiurétique (besoin de vous faire un dessin ?) mais aussi de l’ocytocine qui augmente l’envie de contacts sociaux…

Compliqué en confinement, compliqué aussi en audition. C’est donc un problème d’adéquation entre comportements induits par le stress et ce que demandent aujourd’hui les situations stressantes…

Mais alors que l’on pourrait simplement se laisser guider par ces hormones (plus tu tends la main en situation de stress, plus ton corps apprend à le gérer…), on cherche à les combattre coûte que coûte. Et la solution des anxiolytiques et des bêta-bloquants est toujours répandue, et même souvent conseillée par des professeurs de musique. Selon une étude américaine de 1988, 80% des violons solo en prendraient. Et il suffit d’en parler autour de soi pour voir les langues se délier autour de ce secret de polichinelle… 

Alors, dans une période où les effets néfastes du stress ne peuvent pas vous faire « rater votre vie », en tout cas pas avant un bout de temps… Pourquoi ne pas essayer de ressentir pleinement le stress, quitte à nous laisser paniquer ?

Et après, promis, on retourne boire des coups, les dix prochaines sont pour moi. 

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