En réponse au long projet d’établissement du CNSMDP
Notre société devrait donner à toute personne aspirant à une expression musicale des moyens au moins aussi importants que ceux qui nous sont aujourd’hui réservés. Ainsi, les moyens que nous connaissons dans notre conservatoire, qui sont exceptionnels, devraient se répandre, s’universaliser, pour devenir une banalité.
Notre économie devrait offrir à toutes celles et ceux qui la font fonctionner du temps pour se consacrer, si ils et elles le souhaitent, à une pratique artistique. Bien plus de temps que les diverses obligations économiques, administratives et sociales ne laissent aujourd’hui aux artistes de métier.
La transmission devrait être débarrassée de toutes les relations d’autorité hiérarchique qui l’encombrent pour devenir un maillage illimité, libéré des contraintes de temps et de légitimité. On devrait enseigner dès que l’on a retenu le nom des cordes à vide d’un violon et prendre des cours même après avoir enregistré l’intégrale des Sonates et partitas de Bach.
On ne devrait plus entendre parler de limite d’âge.
La concurrence, les concours d’entrée, les auditions sélectives ne devraient être qu’un fatras antique qu’on se remémore avec incrédulité et raillerie, celles-là même que nous inspirent les normes sociales absurdes qui sous l’ancien régime, interdisaient aux femmes de jouer de la flûte, du violoncelle ou du basson.
Il devrait y avoir chaque soir, dans chaque rue, au moins un concert dans une petite salle, un hall d’immeuble, une boutique, un café, une piscine municipale ou une agence bancaire désaffectée.
Rêver à moins est triste comme une attestation de déplacement dérogatoire…