La biographie la plus courte que nous puissions faire d’une personne serait sans aucun doute : elle est née, elle a vécu, elle est morte. En effet, il est peu de prise de risque dans cette phrase quant à la vie de telle ou telle personne car, bien que la vie et la mort ne soient pas et ne seront jamais des concepts élucidés, il est tout de même un fait concret : nous vivons et nous mourons. Et comme le disait Montaigne : « Tu ne meurs pas de ce que tu es malade, tu meurs de ce que tu es vivant. » Autrement dit, la mort fait partie de la vie. Certains vont même jusqu’à la sublimer. Car la mort ineffable mais surtout inéluctable de tous les êtres est comme une signature du contrat de vie. Si nous mourons, c’est que nous avons vécu. Et vivre est, en quelque sorte, un miracle statistique, quand on considère la quantité de chance qu’il faut pour réunir toutes les conditions nécessaires à notre existence.
Les gens meurent, c’est comme ça, diront certains. C’est la vie, diront d’autres.
Les gens meurent, et c’est bien comme ça.
Les gens meurent, de vieillesse, ou prématurément, de maladie, de virus, mais pas seulement ! La mort est toujours présente, et travailler aux pompes funèbres restera certainement un métier d’avenir ! Mais elle n’est pas toujours regardée de la même manière par l’humanité. Comme une vague, elle prend un aspect différent selon les rochers médiatiques et la météo de l’opinion publique. Les vagues virales, bien que souvent à l’ordre du jour, laissent parfois place à la misère, aux suicides, aux accidents de la route, aux cancers… La Covid-19 qui, elle, est bien présente dans notre quotidien depuis plus d’un an, tue et a tué beaucoup de nos amis humains. Cependant, elle n’est pas seule sur le sombre tableau des décès. En effet, la pollution de l’air cause toujours la mort d’au moins 48 000 personnes chaque année en France, et ce chiffre a été revu à la hausse par des chercheurs de Harvard, en collaboration avec des chercheurs des universités de Birmingham, Leicester et Londres. Iels ont mis à jour des chiffres alarmants dans la revue scientifique Environmental Research. Iels ont en effet réévalué les chiffres qui atteignent les 100 000 décès en France et 8,7 millions de décès dans le monde sur l’année 2018.
Les gens meurent, mais pas seulement de la Covid-19. En 2020, 182 372 personnes sont décédées d’un cancer en France, et près de 10 millions dans le monde.
En France, 9 000 personnes se suicident tous les ans et 250 000 tentatives sont prises en charge aux urgences, soit 685 par jour. Dans le monde, 800 000 personnes se suicident chaque année, soit une toutes les quarante secondes. La France détient un triste record car elle est le pays européen où l’on se suicide le plus, avec une moyenne de 14,1 pour 100 000 habitants contre 11,3 en Europe.
Un état des lieux a été fait à la sortie 2020 avec une étude sur la « solitude » par l’IFOP pour l’association Astrée. Nous découvrons que 18 % des Français se sentent toujours ou souvent seuls en 2020, contre 13 % en 2018. Cette solitude touche majoritairement les jeunes de 18 à 34 ans, avec les étudiants en première ligne, car pour beaucoup d’entre eux le « présentiel » a disparu — deux tiers d’entre eux souffrent davantage de la solitude à cause de la crise sanitaire, 28 % se sentent toujours ou souvent seuls, et 75 % en font l’expérience toujours ou parfois.
Si en France nous n’avons toujours pas de chiffres précis concernant les impacts qu’ont eu les restrictions et l’isolement forcé cette année, les centres d’aide et d’appel comme SOS Amitiés ainsi que certains centres psychiatriques montrent ce phénomène par la saturation au sein de leurs services.
Au Japon, une étude a a été menée. Elle a révélé qu’en 2020, l’archipel a enregistré un nombre plus élevé de suicides que les autres années : pratiquement 21 000 personnes se sont suicidées, soit 750 de plus qu’en 2019. Le premier ministre, Yoshihide Suga, a même nommé un ministre de la solitude : Tetsushi Sakamoto.
Nous ne mourons pas que de la Covid-19. Les barrières contre celle-ci, la distanciation, l’isolement, tuent, eux aussi. S’isoler n’est pas une solution pour les personnes en détresse psychologique. Quel remède à cela ? Une prise de conscience. Ne pas prendre conscience de ces oubliés de la pandémie, c’est ne protéger qu’une partie infime de la population. Quand penserons-nous donc à ces gestes barrières contre la dépression, voire le suicide ? Ne portent-ils pas une même responsabilité ? Ils ont beau sembler contradictoires, leurs vocations vont dans le même sens : Vivre.
Protéger les autres, c’est aussi et surtout les aimer, les embrasser, leur parler, leur sourire ou leur porter un regard de soutien, rassurant et qui éveille au bonheur.
Protéger les autres, c’est aussi protéger la démocratie, la liberté d’expression, le doute, la critique, la liberté, la simplicité, la créativité, l’art, l’amour, qui sont tous essentiels. Autrement dit, protéger les autres c’est aussi tester PCR (Prise de Conscience Raisonnée), tester les possibilités de dire ce que nous voulons, ce que nous pensons. C’est être libre de douter, de jouer de la satire, de rire de tout, de s’exprimer, et de savoir dire « Non » quand il faut dire non et « Oui » quand il faut dire oui.