Bouquet garni pour une révolution printanière

Le printemps s’annonce magnifique.

Vous me direz qu’il n’en a pas l’air, sous ses masques, restrictions sanitaires et interdictions préfectorales de manifester… mais je vous le dis, il le sera ! Magnifique, svelte, puissant. Il bourgeonne et fleurit depuis maintenant huit semaines.

Magnifiques, ces agoras quotidiennes où les prises de parole se multiplient, conjuguées à une écoute citoyenne aux effluves démocratiques. Le ton et le temps du débat y sont lancés, puis rattrapés au vol par tout un chacun. Là, se déploient les maux de la société, les mots de la colère, et dans une intelligence collective, les luttes se mettent doucement à ruisseler…

Ce printemps sera magnifique, oui. Il sera aussi implacable, avec ses giboulées et ses bourrasques. Bourgeons, rameaux et feuillages s’éveillent doucement de cet hiver ravagé par le gel sanitaire. Oh, certaines plantes d’intérieur s’en tirent à merveille ! Bien au chaud dans leur serre (secondaire), ce fut leur meilleure année. Pour tant d’autres, par monts et vallons, dans les jardins et les champs, les dégâts sont considérables… Amis feuillus, prenez garde ! C’est l’heure de la taille.

Mais la crise sanitaire que nous avons subie – et subissons toujours – n’a fait qu’amplifier et catalyser la crise sociétale dans laquelle nous étions engagés depuis longtemps.

Camarades, ouvrons les yeux, notre démocratie ne semble avoir de démocratique que le nom ! Il nous appartient de décider lesquelles de nos branches devront être élaguées !

Commençons par le commencement : la représentativité démocratique et constitutionnelle, à travers les politiques mises en œuvre. Nous savons toutes et tous que nos représentants démocratiques actuels ne représentent pas notre majorité. Pire : ils n’ont pas l’intention de la représenter. La seule intention qu’ils ont, c’est de mettre en œuvre « quoi qu’il en coûte » leur programme électoral néolibéral, appliqué à la lettre. Point final. Pas de discussion. À coups de décrets, de 49.3 et de conseils de sécurité à huis clos, les bonnes décisions seront prises en lieux sûrs…

C’est une politique néolibérale, qui vide le mot politique de toute sa riche substance. Qu’on se le dise : cette politique n’est que dérégulations et mises en concurrence de tous les domaines possibles et imaginables, publics et privés, chênes centenaires et petites fougères, ceci appliqué à outrance pour toujours plus de croissance.

Une politique néolibérale qui se poursuit sans discontinuer depuis plusieurs décennies, pilotée par les grandes instances internationales et leurs lobbys, aux profits – toujours plus grands – des multinationales et leurs actionnaires.

Une politique néolibérale qui nous pousse à une consommation de masse uniforme et à un dénigrement de nos cultures locales.

Une politique néolibérale où le consommateur est roi, où notre liberté et notre libre-arbitre se résument à notre pouvoir d’achat. On nous fait croire que nous sommes maîtres dans nos choix de consommation – et la culpabilité nous assaille ! – mais nous sommes en réalité prisonniers de décisions productivistes qui nous échappent.

Une politique néolibérale qui privatise, délocalise, vide les caisses de l’État, détruit la fonction publique, fait des économies sur nos retraites et nos droits sociaux, nos écoles, nos hôpitaux, nos mairies, nos théâtres.

Une politique néolibérale qui nie le rôle fondamental de l’art et de la culture dans la république et la démocratie, la res publica, la chose publique. La culture n’est pour nos dirigeants que divertissement, loisir, et autres joyeusetés, permettant une détente consensuelle et politiquement complaisante pour nos chers concitoyens. Je suis persuadée que nos dirigeants n’ont aucune idée de la richesse artistique qui se déploie tant bien que mal partout en France, dans toutes ces compagnies et lieux de culture.

Les coupes budgétaires toujours plus profondes obligent les petites compagnies et les petites structures culturelles à courber l’échine et quémander aux mécénats privés, acceptant alors une financiarisation malsaine afin de monter des spectacles. Il arrive parfois qu’elles bénéficient de subventions publiques modiques, en l’échange de d’ateliers pédagogiques chronophages, reléguant le projet artistique initial au second plan.

Comment un gouvernement peut-il consciemment mettre en œuvre une loi qui précarise volontairement des milliers de personnes ? Comment peut-on concevoir une telle démarche, en démocratie ? Alors que nous avons actuellement dépassé le chiffre historique de 10 millions de pauvres en France ?

Nos dirigeants appartiennent à une classe sociale aisée, déconnectée des réalités matérielles précaires d’une grande partie de la population. Il y a une méconnaissance mais aussi un mépris de classe, qui nous dit à demi-mots « faites confiance aux sachants, l’économie est bien trop complexe pour être mise au vote du peuple. Cette politique c’est pour votre bien ».

« There is no alternative », c’était le slogan de Margaret Thatcher, et c’est ce que dit aussi notre président actuel, fidèle aux idéaux néolibéraux.

Petit rappel : la souveraineté du peuple c’est de pouvoir décider de son propre destin. Comme l’indique la Constitution de la Ve République, elle est indissociable de la démocratie. La Constitution devrait être le plus puissant des garde-fous républicains, et pourtant…

Aujourd’hui nous sommes en colère, et nous avons toutes les raisons de l’être.

Un désir profond de changements nous anime : ce mouvement, ce printemps, doit aboutir à une nouvelle page de notre République, à une refonte d’un système démocratique fonctionnel, qui nous ressemble, et où l’école, la santé, la culture et l’écologie seraient remis au cœur de nos priorités, comme nous le souhaitons bien sûr toutes et tous.

La chose publique est à nous ! Ayons confiance en l’intelligence collective qui nous unit aujourd’hui, et ne lâchons rien !

Et comme on le chantait déjà sur les cendres de la Commune :

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