Les établissements de musique et de danse sur le podium !

L’année scolaire 2019-2020 a été – aussi – marquée par une enquête du groupe Egaé auprès de 98 écoles d’enseignement supérieur artistique et culturel autour des violences sexistes et sexuelles. Cette enquête a été proposée aux étudiant·es mais aussi au personnel et aux enseignant·e·s, 75% des réponses provenant des étudiant·e·s. En juillet dernier, nous avons eu accès aux résultats de l’enquête. Les violences étudiées vont de l’agissement sexiste au harcèlement sexuel, de l’agression sexuelle jusqu’au viol, tous les quatre définis dans le code pénal, le code du travail et/ou dans la loi de 1983.

Petit topo sur ces quatre catégories qu’on a trop vite tendance à mélanger.

L’agissement sexiste : propos liés au sexe qui portent atteinte à la dignité OU créent un environnement dégradant. Ex : « t’es de mauvaise humeur, t’as tes règles ? ».

Le harcèlement sexuel : propos ou comportements à connotation sexuelle, répétés qui portent atteinte à la dignité ou créent un environnement dégradant OU une pression, même une seule fois, pour obtenir un acte sexuel. Ex : ‘On peut s’arranger pour ton stage si tu passes à la maison un de ces jours… », ou de manière répétée : « T’es bandante ».

L’agression sexuelle : atteinte sexuelle avec violence, contrainte, menace ou surprise. Ex » main aux fesses, baiser forcé…

Le viol : pénétration sexuelle avec violence, contrainte, menace ou surprise – une fellation forcée appartient à la catégorie juridique du viol.

L’agissement sexiste est le seul qui requiert uniquement un traitement disciplinaire. Dans tous les autres cas, un traitement pénal doit s’adjoindre à celui-ci. Il importe donc bien de les différencier pour les juger selon l’échelon qui convient. On a souvent tendance à minimiser l’importance de ces violences. Il faut savoir que la direction de l’école a le devoir juridique de rapporter à la justice les signalements quand il s’agit de harcèlement sexuel, d’agression sexuelle ou de viol. Toutes ces catégories ne sont néanmoins pas étanches. Nous pensons que le grand nombre de viols au conservatoire est une conséquence de la banalité des propos sexistes dans nos milieux.

Voici les chiffres pour ces 98 écoles supérieures d’enseignement artistique et culturelle :

– 40 % des étudiantes et 6 % des étudiants déclarent avoir été victimes d’agissements sexistes dans le cadre de leurs études.

– 51 % des répondant·e·s déclarent avoir été témoins ou victimes de propos sexuels (propos à connotation sexuelle répétés dégradants appartenant donc à la catégorie du harcèlement sexuel).

– près de 10 % des répondantes et 2 % des répondants déclarent avoir été victimes d’agression sexuelle. Dans près de 40 % des cas, les agressions étaient le fait d’autres étudiant.e.s ou collègues.

-131 personnes dont 119 étudiantes des différentes écoles déclarent avoir été victimes de viol, et 141 personnes en ont été témoins. La moitié des viols rapportés ont été commis par d’autres étudiant·e·s, et 10 viols par des enseignant·e·s ont été rapportés dans l’étude.

– 60 % des étudiant.es, 40 % des enseignant.es et 36 % du personnel n’ont pas eu de formation concernant la prévention des violences sexistes et sexuelles.

Notons également que les écoles de musique et danse sont surreprésentées dans les proportions d’étudiant·es confronté·es au harcèlement sexuel et aux agressions sexuelles. Triste podium qui honore peu nos écoles, mais qui ne nous étonne guère. De vraies formations complètes à ce sujet, dans tous les cursus, chez les interprètes, chorégraphes, compositeur·rices mais aussi dans les formations à la pédagogie, chez nos profs et parmi le personnel : voilà une première étape incontournable pourtant simple qui aurait déjà dû être mise en place depuis bien des années. Nous nous réjouissons qu’elles soient enfin à l’ordre du jour, et ne manquerons pas de chroniquer ces formations par Zoom.

Cependant, face à l’ampleur du problème dont les données chiffrées attestent les fondements structurels dans nos milieux artistques, ces formations devront s’accompagner de bien d’autres changements en profondeur si nous voulons vraiment renverser les dominations sexistes de nos établissements et de nos milieux et éviter que les signalements de ces actes graves ne débouchent pas sur l’abandon d’une carrière artistique par celles et ceux qui souhaiteraient engager des poursuites judiciaires face à des figures parfois puissantes et influentes aux réseaux tentaculaires.

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