Contre les maux et les discours du temps, petit florilège de réponses 1/3
Jonas Kaufman et Ludovic Tézier, deux stars de l’art lyrique, ont rédigé une pétition « Jonas Kaufmann & Ludovic Tézier, opera singers for culture in Europe. »
Il y aurait beaucoup à dire sur leur appel à ce que « le beau et la culture » ne disparaissent pas en Europe… Grande civilisation européenne dont le « devoir » serait de « pérenniser son plus beau legs » : l’Art !
Mais comme la pétition est rédigée « humblement » (!), on ne va pas trop leur taper dessus. Après tout, c’est comme quand les candidates Miss France disent qu’elles veulent la paix dans la monde, ce n’est pas si grave, même si la naïveté affichée de ces deux artistes richissimes prête un peu moins à sourire…
On ne sera pas trop durs avec eux, mais on ne les laissera pas s’en tirer non plus avec leur éloge du « grand » (!!) Winston Churchill, qui « à la question ‘Doit-on couper dans le budget des arts pour l’effort de guerre?’, répondait avec un panache inégalable (!!!) : ‘Alors, pour quelle raison nous battons-nous?’. »
Petit rappel historique sur le Grand Homme
La Grande-Bretagne avait promis l’indépendance aux Arabes et aux Kurdes pendant la 1ère guerre mondiale. Mais finalement, le Moyen-Orient a été réparti entre la Turquie et la France, et il a fallu réprimer les mécontents. Des révoltes ont éclaté et l’armée de l’air britannique a été chargée… de réduire les rebelles sous les bombes ! Winston Churchill, alors secrétaire d’État à la Guerre, a même suggéré qu’on utilise du gaz « moutarde » contre les Kurdes. « Je suis fortement en faveur de l’usage de gaz empoisonné contre des tribus non civilisées » [1] écrira-t-il au War Office en mai 1919.
Il est aussi l’un des fondateurs de la Ligue de Défense de l’Inde en 1930, une organisation farouchement opposée aux mouvements décoloniaux ; et dans ses souvenirs du partage du monde décidé en 1944 avec Staline, il raconte avec quel cynisme ils se sont mis d’accord sur un partage définissant en pourcentage les intérêts respectifs des Occidentaux et de l’URSS dans les Balkans.
Mais c’est peut-être ça, un Grand Homme, quelqu’un qui entoure son cynisme de panache et de bons mots…