Les lieux de spectacle ont été les premiers à fermer, ils seront les derniers à rouvrir. Dans le pire des scénarios, envisagé par l’Allemagne, on parle de 18 mois sans spectacle. Il est probable que ce scénario s’applique aussi en France, mais qu’on en soit tenu au courant au compte-goutte, mois après mois.
Cela pose pour nous toutes et tous la question de notre avenir musical proche, les lives Facebook ayant, artistiquement, de sérieuses limites. Mais cela pose surtout une question strictement matérielle : de quoi allons-nous vivre ? Comment faire face à cette situation quand on finance ses études par des activités musicales, ou quand on aspire, demain, à vivre de ces métiers ?
Cette situation nous rappelle que notre « statut d’artiste » ne nous permet pas d’échapper à notre condition de salariés précaires. Car oui, sous sommes bien des salariés, l’intermittence n’est qu’un régime et pas un statut, malgré un abus de langage très répandu… Un consensus se dégage au sein des syndicats du domaine du spectacle pour revendiquer un allongement automatique de tous les droits en cours, aussi longtemps que dure la période de fermeture des lieux de spectacle et même au-delà, ainsi qu’un abaissement des seuils d’entrée dans l’assurance chômage.
Mais pour l’instant, ce n’est pas du tout ce que prévoit Pôle Emploi, et nous attendons de voir comment les annonces de Macron vont être effectivement mises en musique ! Parce que jusqu’à présent la « neutralisation » de la période annoncée par le ministre de la Culture est en réalité une mesurette minable, qui ne touchera que 25% des intermittents. Et l’assurance chômage, ce n’est pas tout ! Il y a aussi des choses à exiger de nos employeurs. Ceux-ci se divisent en général en deux catégories. Il y a les structures subventionnées, dont les recettes ne dépendent que très peu ou pas de la billetterie : qu’il y ait ou pas du public, elles touchent des subventions qui doivent leur permettre d’honorer les salaires, même si les représentations n’ont pas eu lieu, et le ministère les y a invitées. Beaucoup l’ont fait, mais pas toutes, loin de là. Elles auront des comptes à nous rendre sur la manière dont elles utilisent l’argent public. Et puis il y a les autres structures. Le gouvernement a mis en place des mesures exceptionnelles « d’activité partielle ». En deux mots, quand les entreprises sont contraintes d’arrêter leur activité, l’État verse aux salarié·e·s une indemnité de 70 % du salaire prévu. C’est évidemment indispensable pour plein d’entreprises, mais cela pose question quand certaines demandent à l’État de payer les salaires… pour continuer de verser malgré tout des dividendes à leurs actionnaires ! Ce système d’activité partielle est applicable dans le spectacle, et c’est aux employeurs de faire les démarches.
Notez bien : même s’il n’y a pas eu de contrat signé, un mail qui fait état des dates et des montants de rémunération vaut bien « promesse d’embauche » et donne droit à cette compensation !
Une petite exception cependant pour les contrats d’artistes et de techniciens : pour nous, l’État ne remboursera pas tout, 15% au moins resteront à la charge de l’employeur. Cela risque d’empêcher de fait les petites structures d’avoir recours à cette activité partielle.
Enfin, il y aura le lendemain de la crise. On ne s’étale pas ici, mais il faudra investir massivement de l’argent dans la culture, sinon, nous serons nombreux à devoir abandonner nos métiers. Et pour cela, il nous faudra nous mobiliser !!!!

Ci-dessus : la fameuse Statue d’Intermittent, qui n’existe pas.
Alors que le statut d’intermittent lui… n’existe pas non plus.