S’il vous était venu l’idée de travailler comme professeur·e de musique dans un Conservatoire pour financer vos études, méfiez-vous !
Et pour cause, plusieurs de nos camarades ont été embauché·e·s en tant que vacataires dans des établissements de la Ville de Paris, et dans d’autres établissements publics en Île-de-France, ce qui est monnaie courante alors que c’est à la fois illégal et indigne de ces collectivités. Avant de poursuivre, nous vous proposons un point sur les différents statuts d’embauche possibles dans des conservatoires publics, car nous sommes en général loin d’être tou·te·s spécialistes de ces questions.
Le·a vacataire est un·e employé·e totalement invisible et extrêmement précaire : aucun droit aux congés payés, à des formations financées… Une camarade n’a par exemple pas été rémunérée pendant plusieurs semaines car son établissement ne pouvait pas ouvrir.
Légalement, le·a vacataire est embauché·e pour des courtes missions ponctuelles, dispersées dans le temps, comme faire partie d’un jury, mais certaines collectivités dévoient complètement le statut et s’en servent pour embaucher facilement et à bas coût des agent·es dont on exige parfois la même chose que d’un·e fonctionnaire à plein temps détenteur·rice d’un diplôme d’enseignement. Ainsi, cette élève témoigne qu’en plus de ses 16h de cours par semaine l’an passé, elle devait assister aux réunions, aux examens, proposer des concerts pour ses élèves, etc.
Pour autant, le statut de contractuel·le lui-même est loin d’être parfait : le service public dans son ensemble y a de plus en plus recours, en exigeant le même travail et les mêmes responsabilités qu’un·e fonctionnaire titulaire sans y adjoindre les mêmes droits, pas forcément les mêmes salaires et la même sécurité d’embauche…
D’après le site du recrutement de la Ville de Paris, « des agent·e·s non titulaires (contractuel·le·s, vacataires) peuvent être recruté·es dans un nombre de cas très limité:Pour les emplois occasionnels (trois mois, renouvelable une fois). Lorsqu’il n’existe pas de corps de fonctionnaires susceptibles d’assurer les fonctions correspondantes, pour une durée maximum de trois ans, lorsque la nature des fonctions ou les besoins des services le justifient (…)De manière très exceptionnelle pour assurer des emplois ne pouvant être immédiatement pourvus par un titulaire (un an maximum). »
À la vue de ce document, nous nous interrogeons sur l’hypocrisie de la politique de la Ville de Paris (et de beaucoup d’autres collectivités territoriales) encouragées par la politique du gouvernement qui ne respectent pas du tout ce sur quoi ils communiquent, peut-être aussi pour s’assurer le concours d’employé·e·s qui peuvent difficilement dénoncer leurs conditions de travail, car pris à la gorge par des contrats trop précaires.
Et pour protester contre ces pratiques, le chemin est long. En effet, les vacataires sont « les invisibles » de la fonction publique, et les données chiffrées sont quasi inexistantes. On en viendrait presque à croire qu’ils et elles ne représentent pas une part importante des effectifs (le collectif Paris-Musées estime cependant que la Ville de Paris emploierait 40% des employé·e·s des musées en tant que vacataires).
Recourir illégalement aux contrats de vacataires trahit un manque cruel d’audace politique et de reconnaissance pour l’enseignement de la culture et du service public en général ! Nous sommes jeunes, et il est facile pour les employeurs de profiter de notre peu d’expérience du monde du travail et de notre condition d’étudiant·e·s précaire·s. Renseignons nous, demandons conseils et appuis à nos aîné·e·s, et n’acceptons pas n’importe quoi des collectivités et notamment de la ville de Paris, qui, bien que s’affichant à gauche – et c’est bien loin d’être une garantie, n’hésite pas à faire n’importe quoi avec le droit du travail.